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LOUIS IX

un mal homme et qui ne se vouloit chastier, demandèrent à Simon de Nielle, leur seigneur, et qui avait haute justice en sa terre, la permission de le tuer, de peur qu’il ne fût pris de justice et pendu à la honte de la famille. Simon refusa, mais en référa au roi ; le roi ne le voulut pas permettre ; « car il voloit que toute justice fut fète des malféteurs par tout son royaume en apert et devant le pueple, et que nule justice ne fut fète en report (secret)[1]. »

Un homme étant venu se plaindre à saint Louis de son frère Charles d’Anjou, qui voulait le forcer à lui vendre une propriété qu’il possédait dans son comté, le roi fit appeler Charles devant son conseil : « et li benoiez rois commanda que sa possession lui fust rendue, et que il ne li feist d’ore en avant nul ennui de la possession puisque il ne la voloit vendre ne eschangier[2]. »

Ajoutons encore deux faits remarquables qui prouvent également que, pour se soumettre volontiers aux avis des prêtres ou des légistes, cette âme admirable conservait un sens élevé de l’équité qui, dans les circonstances douteuses, lui faisait immoler la lettre à l’esprit.

Regnault de Trie apporta une fois à saint Louis une lettre par laquelle le roi avait donné aux héritiers de la comtesse de Boulogne le comté de Dammartin. Le sceau était brisé, et il ne restait que les jambes de l’image du roi. Tous les conseillers de saint Louis lui

  1. Le Confesseur.
  2. Id.