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APPENDICE

IV, 117, sqq.). « L’émir Fakr-Eddin était entré fort avant, dit Yaféi, dans la confiance de l’empereur ; ils avaient de fréquents entretiens sur la philosophie, et leurs opinions paraissaient se rapprocher sur beaucoup de points. — Ces étroites relations scandalisèrent beaucoup les chrétiens… « Je n’aurais pas tant insisté, dit-il à Fakr-Eddin, pour qu’on me remît Jérusalem, si je n’avais craint de perdre tout crédit en Occident ; mon but n’a pas été de délivrer la ville sainte, ni rien de semblable ; j’ai voulu conserver l’estime des Francs. » — « L’empereur était roux et chauve : il avait la vue faible ; s’il avait été esclave, on n’en aurait pas donné deux cents drachmes. Ses discours montraient assez qu’il ne croyait pas à la religion chrétienne ; quand il en parlait, c’était pour s’en railler… etc… Un moezzin récita près de lui un verset de l’Alcoran qui nie la divinité de Jésus-Christ. Le sultan le voulut punir ; Frédéric s’y opposa. » — Il se fâcha contre un prêtre qui était entré dans une mosquée l’Évangile à la main, et jura de punir sévèrement tout chrétien qui y entrerait sans une permission spéciale. — On a vu plus haut quelles relations amicales Richard entretenait avec Salaheddin et Malek-Adhel. — Lorsque Jean de Brienne fut assiégé dans son camp (en 1221), il fut comblé par le sultan de témoignages de bienveillance. « Dès lors, dit un auteur arabe (Makrizi), il s’établit entre eux une liaison sincère et durable, et tant qu’ils vécurent, ils ne cessèrent de s’envoyer des présents et d’entretenir un commerce d’amitié. » Dans une guerre contre les Kharismiens, les chrétiens de Syrie se mirent pour ainsi dire sous les ordres des infidèles. On voyait les chrétiens marcher leurs croix levées ; les prêtres se mêlaient dans les rangs, donnaient des bénédictions, et offraient à boire aux musulmans dans leurs calices. Ibid., 445, d’après Ibn-Giouzi, témoin oculaire.


126 — page 420Les Mongols avançaient lents, irrésistibles

« Ils avaient, dit Mathieu Paris, ravagé et dépeuplé la grande Hongrie : ils avaient envoyé des ambassadeurs avec des lettres menaçantes à tous les peuples. Leur général se disait envoyé du Dieu très haut pour dompter les nations qui lui étaient rebelles. Les têtes de ces barbares sont grosses et disproportionnées avec leurs corps ; ils se nourrissent de chairs crues et même de chair humaine ; ce sont des archers incomparables ; ils portent avec eux des barques de cuir, avec lesquelles ils passent tous les fleuves ; ils sont robustes, impies, inexorables ; leur langue est inconnue à tous