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HISTOIRE DE FRANCE

entre Chalon et Autun. Les Segusii lyonnais étaient une colonie de cette dernière ville[1], Autun, la vieille cité druidique[2], avait jeté Lyon au confluent du Rhône et de la Saône, à la pointe de ce grand triangle celtique dont la base était l’Océan, de la Seine à la Loire. Autun et Lyon, la mère et la fille, ont eu des destinées toutes diverses. La fille, assise sur la grande route des peuples, belle, aimable et facile, a toujours prospéré et grandi ; la mère, chaste et sévère, est restée seule sur son torrentueux Arroux, dans l’épaisseur de ses forêts mystérieuses, entre ses cristaux et ses laves. C’est elle qui amena les Romains dans les Gaules, et leur premier soin fut d’élever Lyon contre elle. En vain, Autun quitta son nom sacré de Bibracte pour s’appeler Augustodunum, et enfin Flavia ; en vain elle déposa sa divinité[3], et se fit de plus en plus romaine. Elle déchut toujours ; toutes les grandes guerres des Gaules se décidèrent autour d’elle et contre elle. Elle ne garda pas même ses fameuses écoles. Ce qu’elle garda, ce fut son génie austère. Jusqu’aux temps modernes, elle a donné des hommes d’État, des légistes, le chancelier Rolin, les Montholon, les Jeannin, et tant d’autres. Cet esprit sévère s’étend loin à l’ouest et au nord. De Vézelay, Théodore de Bèze, l’orateur du calvinisme, le verbe de Calvin.

La sèche et sombre contrée d’Autun et du Morvan n’a rien de l’aménité bourguignonne. Celui qui veut

  1. App. 31.
  2. Autun avait dans ses armes d’abord le serpent druidique, puis le porc, l’animal qui se nourrit du gland celtique.
  3. App. 32.