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HISTOIRE DE FRANCE

d’un coup douze cardinaux dévoués au roi, les deux Colonna, et dix Français ou Gascons. Ces douze, joint à ce qui restait des douze du même parti, dont on avait surpris la nomination à Célestin, assuraient à jamais au roi l’élection des papes futurs. Clément constituait ainsi la papauté entre les mains de Philippe ; concession énorme, et qui pourtant ne suffit point.

Il crut qu’il fléchirait son maître en faisant un pas de plus. Il révoqua une bulle de Boniface, la bulle Clericis laïcos, qui fermait au roi la bourse du clergé. La bulle Unam sanctam contenait l’expression de la suprématie pontificale. Clément la sacrifia, et ce ne fut pas assez encore.

Il était à Poitiers, inquiet et malade de corps et d’esprit. Philippe-le-Bel vint l’y trouver avec de nouvelles exigences. Il lui fallait une grande confiscation, celle du plus riche des ordres religieux, de l’ordre du Temple. Le pape, serré entre deux périls, essaya de donner le change à Philippe en le comblant de toutes les faveurs qui étaient au pouvoir du Saint-Siège. Il aida son fils Louis-Hutin à s’établir en Navarre ; il déclara son frère Charles-de-Valois chef de la croisade. Il tâcha enfin de s’assurer la protection de la maison d’Anjou, déchargeant le roi de Naples d’une dette énorme envers l’Église, canonisant un de ses fils, adjugeant à l’autre le trône de Hongrie.

Philippe recevait toujours, mais il ne lâchait pas prise. Il entourait le pape d’accusations contre le Temple. Il trouva dans la maison même de Clément un Templier qui accusait l’ordre. En 1306, le roi voulant