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L’OR. — LE FISC. — LES TEMPLIERS

lui envoyer des commissaires pour obtenir une décision, le malheureux pape donne, pour ne pas les recevoir, la plus ridicule excuse : « De l’avis des médecins, nous allons au commencement de septembre prendre quelques drogues préparatives, et ensuite une médecine qui, selon les susdits médecins, doit, avec l’aide de Dieu, nous être fort utile[1]. »

Ces pitoyables tergiversations durèrent longtemps. Elles auraient duré toujours, si le pape n’eût appris tout à coup que le roi faisait arrêter partout les Templiers, et que son confesseur, moine dominicain et grand inquisiteur de France, procédait contre eux sans attendre d’autorisation.

Qu’était-ce donc que le Temple ? Essayons de le dire en peu de mots :

À Paris, l’enceinte du Temple comprenait tout le grand quartier, triste et mal peuplé, qui en a conservé le nom[2]. C’était un tiers du Paris d’alors. À l’ombre du Temple et sous sa puissante protection vivait une foule de serviteurs, de familiers, d’affiliés et aussi de gens condamnés ; les maisons de l’ordre avaient droit d’asile. Philippe-le-Bel lui-même en avait profité en 1306, lorsqu’il était poursuivi par le peuple soulevé. Il restait encore, à l’époque de la Révolution, un monument de cette ingratitude royale, la grosse tour

  1. App. 46.
  2. La Coulture du Temple, contiguë à celle de Saint-Gervais, comprenait presque tout le domaine des Templiers, qui s’étendait le long de la rue du Temple, depuis la rue Sainte-Croix ou les environs de la rue de la Verrerie jusqu’au delà des murs, des fossés et de la porte du Temple. (Sauval.)