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L’OR. — LE FISC. — LES TEMPLIERS

le-Batailleur, 1131-1132) ; mais le royaume n’y consentit pas.

On peut juger du nombre prodigieux des possessions des Templiers par celui des terres, des fermes, des forts ruinés qui, dans nos villes ou nos campagnes, portent encore le nom du Temple. Ils possédaient, dit-on, plus de neuf mille manoirs dans la chrétienté[1]. En une seule province d’Espagne, au royaume de Valence, ils avaient dix-sept places fortes. Ils achetèrent argent comptant le royaume de Chypre, qu’ils ne purent, il est vrai, garder.

Avec de tels privilèges, de telles richesses, de telles possessions, il était bien difficile de rester humbles[2]. Richard Cœur-de-Lion disait en mourant : « Je laisse mon avarice aux moines de Cîteaux, ma luxure aux moines gris, ma superbe aux Templiers. »

Au défaut de musulmans, cette milice inquiète et indomptable guerroyait contre les chrétiens. Ils firent la guerre au roi de Chypre et au prince d’Antioche. Ils détrônèrent le roi de Jérusalem Henri II et le duc de Croatie. Ils ravagèrent la Thrace et la Grèce. Tous les croisés qui revenaient de Syrie ne parlaient que des trahisons des Templiers, de leurs liaisons avec les infidèles[3]. Ils étaient notoirement en rapport avec les Assassins de Syrie[4] ; le peuple remarquait avec effroi

  1. App. 55.
  2. Dans leurs anciens statuts on lit : « Regula pauperum commilitonum templi Salomonis. »
  3. « Et Acre une cité trahirent-ils par leur grand mesprison. » (Chron. de Saint-Denys.)
  4. Voy. Hammer.