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L’OR. — LE FISC. — LES TEMPLIERS

liers, aucun roi du monde n’eût pu leur résister[1]. Il n’était point d’État où ils n’eussent des places fortes. Ils tenaient à toutes les familles nobles. Ils n’étaient guère en tout, il est vrai, plus de quinze mille chevaliers ; mais c’étaient des hommes aguerris, au milieu d’un peuple qui ne l’était plus, depuis la cessation des guerres des seigneurs. C’étaient d’admirables cavaliers, les rivaux des Mameluks, aussi intelligents, lestes et rapides que la pesante cavalerie féodale était lourde et inerte. On les voyait partout orgueilleusement chevaucher sur leurs admirables chevaux arabes, suivis chacun d’un écuyer, d’un page, d’un servant d’armes, sans compter les esclaves noirs. Ils ne pouvaient varier leurs vêtements, mais ils avaient de précieuses armes orientales, d’un acier de fine trempe et damasquinées richement.

Ils sentaient bien leur force. Les Templiers d’Angleterre avaient osé dire au roi Henri III : « Vous serez roi tant que vous serez juste. » Dans leur bouche, ce mot était une menace. Tout cela donnait à penser à Philippe-le-Bel.

Il en voulait à plusieurs d’entre eux de n’avoir souscrit l’appel contre Boniface qu’avec réserve, sub protestationibus. Ils avaient refusé d’admettre le roi dans l’ordre. Ils l’avaient refusé, et ils l’avaient servi,

    livoniens portèrent contre les chevaliers Teutoniques des accusations non moins graves. De Jean XXII à Innocent VI, les Hospitaliers eurent à soutenir les mêmes attaques. Les Jésuites y succombèrent.

  1. En Castille, les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers de Saint-Jacques avaient un traité de garantie contre le roi même.