Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
HISTOIRE DE FRANCE

double humiliation. Il leur devait de l’argent[1] ; le Temple était une sorte de banque, comme l’ont été souvent les temples de l’antiquité[2]. Lorsqu’en 1306, il trouva un asile chez eux contre le peuple soulevé, ce fut sans doute pour lui une occasion d’admirer ces trésors de l’ordre ; les chevaliers étaient trop confiants, trop fiers pour lui rien cacher.

La tentation était forte pour le roi[3]. Sa victoire de Mons-en-Puelle l’avait ruiné. Déjà contraint de rendre la Guyenne, il l’avait été encore de lâcher la Flandre flamande. Sa détresse pécuniaire était extrême, et pourtant il lui fallut révoquer un impôt contre lequel la Normandie s’était soulevée. Le peuple était déjà si ému, qu’on défendit les rassemblements de plus de cinq personnes. Le roi ne pouvait sortir de cette situation désespérée que par quelque grande confiscation. Or, les juifs ayant été chassés, le coup ne pouvait frapper que sur les prêtres ou sur les nobles, ou bien sur un ordre qui appartenait aux uns ou aux autres, mais qui, par cela même, n’appartenant exclusivement ni à ceux-ci, ni à ceux-là, ne serait défendu par personne. Loin d’être défendus, les Templiers furent plutôt attaqués par leurs défenseurs naturels. Les moines les poursuivirent. Les nobles, les plus grands seigneurs de France, donnèrent par écrit leur adhésion au procès.

Philippe-le-Bel avait été élevé par un dominicain. Il avait pour confesseur un dominicain. Longtemps ces

  1. App. 57.
  2. Mitford.
  3. App. 58.