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DESTRUCTION DE L’ORDRE DU TEMPLE

CHAPITRE IV

Suite. — Destruction de l’ordre du Temple (1307-1314).


L’étonnement du pape fut extrême, quand il apprit que le roi se passait de lui, dans la poursuite d’un ordre qui ne pouvait être jugé que par le Saint-Siège. La colère lui fit oublier sa servilité ordinaire, sa position précaire et dépendante au milieu des États du roi. Il suspendit les pouvoirs des juges ordinaires, archevêques et évêques, ceux même des inquisiteurs.

La réponse du roi est rude. Il écrit au pape : Que Dieu déteste les tièdes ; que ces lenteurs sont une sorte de connivence avec les crimes des accusés ; que le pape devrait plutôt exciter les évêques. « Ce serait une grave injure aux prélats de leur ôter le ministère qu’ils tiennent de Dieu. Ils n’ont pas mérité cet outrage ; ils ne le supporteront pas ; le roi ne pourrait le tolérer sans violer son serment… Saint-Père, quel est le sacrilège qui osera vous conseiller de mépriser ceux que Jésus-Christ envoie, ou plutôt Jésus lui-même ?… Si