Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
HISTOIRE DE FRANCE

des témoins qui, dit-on, a disparu, se trouve précisément en France et chez Nogaret.

Le roi avait dénoncé au pape certaines lettres injurieuses. Le pape répond qu’elles sont, pour le latin et l’orthographe, manifestement indignes de la cour de Rome. Il les a fait brûler. Quant à en poursuivre les auteurs, une expérience récente a prouvé que ces procès subits contre des personnages importants ont une triste et dangereuse issue[1].

Cette lettre du pape était une humble et timide profession d’indépendance à l’égard du roi, une révolte à genoux. L’allusion aux Templiers qui la termine, indiquait assez l’espoir que plaçait le pape dans les embarras où ce procès devait jeter Philippe-le-Bel.

La commission pontificale, rassemblée le 7 août 1309, à l’évêché de Paris, avait été entravée longtemps. Le roi n’avait pas plus envie de voir justifier les Templiers que le pape de condamner Boniface. Les témoins à charge contre Boniface étaient maltraités à Avignon, les témoins à décharge dans l’affaire des Templiers étaient torturés à Paris. Les évêques n’obéissaient point à la commission pontificale, et ne lui envoyaient point les prisonniers[2]. Chaque jour la commission assistait à une messe, puis siégeait ; un huissier criait à la porte de la salle : « Si quelqu’un veut défendre l’ordre de la milice du Temple, il n’a qu’à se présenter. » Mais personne ne se présentait. La commission revenait le lendemain, toujours inutilement.

  1. App. 71.
  2. App. 72.