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HISTOIRE DE FRANCE

empereurs d’Allemagne et de Constantinople ; Grégoire se déclara l’ami des deux empires. Il proclama la réconciliation de l’Église grecque. Il vint à bout de terminer le grand interrègne d’Allemagne, faisant du moins nommer un empereur tel quel, un simple chevalier dont la maigre et chauve figure, dont les coudes percés, rassuraient les princes électeurs contre ce nom d’empereur naguère si formidable. Ce pauvre empereur fut pourtant Rodolphe de Habsbourg ; sa maison fut la maison d’Autriche, fondée ainsi par les papes contre celle de France[1].

Le plan de Grégoire X était de mener lui-même l’Europe à la croisade avec son nouvel empereur, de relever ainsi l’Empire et la Papauté. Nicolas III, Romain, et de la maison Orsini, eut un autre projet : il voulait fonder en faveur des siens un royaume central d’Italie. Il saisit le moment où Rodolphe venait de remporter sa grande victoire sur le roi de Bohême. Il intimida Charles par Rodolphe. Le roi de Naples, qui ne rêvait que Constantinople, sacrifia le titre de sénateur de Rome et de vicaire impérial. Et cependant Nicolas signait secrètement avec l’Aragon et les Grecs une ligue pour le renverser.

Conjuration au dehors, conjuration au dedans. Les Italiens se croient maîtres en ce genre. Ils ont toujours conspiré, rarement réussi ; mais pour ce peuple artiste une telle entreprise était une œuvre d’art où il se complaisait, un drame sans fiction, une tragédie

  1. Schmidt.