chose de plus que les innocentes prescriptions qu’elle nous a laissées dans ses vers léonins.
Après la ruine de Manfred, Procida se réfugia en Espagne. Examinons quelle était la situation des divers royaumes espagnols, ce qu’on pouvait attendre d’eux contre la maison de France.
D’abord, la Navarre, le petit et vénérable berceau de l’Espagne chrétienne, était sous la main de Philippe III. Le dernier roi national avait appelé contre les Castillans les Maures, puis les Français. Son neveu, Henri, comte de Champagne, n’ayant qu’une fille, remit en mourant cette enfant au roi de France, qui, comme nous l’avons dit, la donna à son fils. Philippe III, qui venait d’hériter de Toulouse, se trouvait bien près de l’Espagne. Il n’avait, ce semble, qu’à descendre des pors des Pyrénées dans sa ville de Pampelune, et prendre le chemin de Burgos.
Mais l’expérience a prouvé qu’on ne prend pas l’Espagne ainsi. Elle garde mal sa porte ; mais tant pis pour qui entre. Le vieux roi de Castille, Alphonse X, beau-père et beau-frère du roi de France, voulut en vain laisser son royaume aux fils de son aîné, qui, par leur mère, étaient fils de saint Louis. Alphonse n’avait pas bonne réputation chez son peuple, ni comme Espagnol, ni comme chrétien. Grand clerc, livré aux mauvaises sciences de l’alchimie et de l’astrologie, il s’enfermait toujours avec ses juifs[1], pour faire de la fausse
- ↑ Les rois d’Espagne les employaient de préférence aux treizième et quatorzième siècles. Les Aragonais se plaignaient aussi à la même époque des trésoriers et receveurs « que eran judios ». (Curita.)