Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
HISTOIRE DE FRANCE

dait son influence semblaient près d’y échapper. Les barons anglais voulaient renverser le gouvernement des favoris d’Édouard II, qui les tenait humiliés devant la France. Les Gibelins d’Italie appelaient le nouvel empereur, Henri de Luxembourg, pour détrôner le petit-fils de Charles d’Anjou, le roi Robert, grand clerc et pauvre roi, qui n’était habile qu’en astrologie. La maison de France risquait de perdre son ascendant dans la chrétienté. L’Empire, qu’on avait cru mort, menaçait de revivre. Dominé par ces craintes, Philippe permit à Clément de déclarer que Boniface n’était point hérétique[1], en assurant toutefois que le roi avait agi sans malignité, qu’il eût plutôt, comme un autre Sem, caché la honte, la nudité paternelle… Nogaret lui-même est absous, à condition qu’il ira à la croisade (s’il y a croisade), et qu’il servira toute sa vie à la terre sainte ; en attendant, il fera tel et tel pèlerinage. Le continuateur de Nangis ajoute malignement une autre condition, c’est que Nogaret fera le pape son héritier.

Il y eut ainsi compromis. Le roi cédant sur Boniface, le pape lui abandonna les Templiers. Il livrait les vivants pour sauver un mort. Mais ce mort était la papauté elle-même.

Ces arrangements faits en famille, il restait à les faire approuver par l’Église. Le concile de Vienne s’ouvrit le 16 octobre 1312, concile œcuménique, où siégèrent plus de trois cents évêques ; mais il fut plus

  1. App. 86.