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VÊPRES SICILIENNES

peu, et partout étaient bien reçus. Gens d’esprit, de ruse et de faconde, ils s’acquittaient discrètement de maintes commissions mondaines. L’Europe était remplie de leur activité. Messagers et prédicateurs, diplomates parfois, ils étaient alors ce que sont aujourd’hui la poste et la presse. Procida prit donc la sale robe des Mendiants, et s’en alla humblement et pieds nus chercher par le monde des ennemis à Charles d’Anjou.

Les ennemis ne manquaient pas. Le difficile était de les accorder et de les faire agir de concert et à temps. D’abord il se rend en Sicile, au volcan même de la révolution, voit, écoute et observe. Les signes de l’éruption prochaine étaient visibles, rage concentrée, sourd bouillonnement, et le murmure et le silence. Charles épuisait ce malheureux peuple pour en soumettre un autre. Tout était plein de préparatifs et de menaces contre les Grecs. Procida passe à Constantinople, il avertit Paléologue, lui donne des renseignements précis. Le roi de Naples avait déjà fait passer trois mille hommes à Durazzo. Il allait suivre avec cent galères et cinq cents bâtiments de transport. Le succès de l’affaire était sûr, puisque Venise ne craignait pas de s’y engager. Elle donnait quarante galères avec son doge, qui était encore un Dandolo. La quatrième croisade allait se renouveler. Paléologue éperdu ne savait que faire. « Que faire ? donnez-moi de l’argent. Je vous trouverai un défenseur qui n’a pas d’argent, mais qui a des armes. »

Procida emmena avec lui un secrétaire de Paléologue, le conduisit en Sicile, le montra aux barons