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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/20

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HISTOIRE DE FRANCE

siciliens, puis au pape, qu’il vit secrètement au château de Soriano. L’empereur grec voulait avant tout la signature du pape, avec lequel il était tout nouvellement réconcilié. Mais Nicolas hésitait à s’embarquer dans une si grande affaire. Procida lui donna de l’argent. Selon d’autres, il lui suffit de rappeler à ce pontife, Romain et Orsini de naissance, une parole de Charles d’Anjou. Quand le pape voulait donner sa nièce Orsini au fils de Charles d’Anjou, Charles avait dit : « Croit-il, parce qu’il a des bas rouges, que le sang de ses Orsini peut se mêler au sang de France ? »

Nicolas signa, mais mourut bientôt. Tout l’ouvrage semblait rompu et détruit. Charles se trouvait plus puissant que jamais. Il réussit à avoir un pape à lui. Il chassa du conclave les cardinaux gibelins et fit nommer un Français, un ancien chanoine de Tours, servile et tremblante créature de sa maison. C’était se faire pape soi-même. Il redevint sénateur de Rome ; il mit garnison dans tous les États de l’Église. Cette fois le pape ne pouvait lui échapper. Il le gardait avec lui à Viterbe, et ne le perdait pas de vue. Lorsque les malheureux Siciliens vinrent implorer l’intervention du pape auprès de leur roi, ils virent leur ennemi près de leur juge, le roi siégeant à côté du pape. Les députés, qui étaient pourtant un évêque et un moine, furent, pour toute réponse, jetés dans un cul de basse-fosse.

La Sicile n’avait pas de pitié à attendre de Charles d’Anjou. Cette île, à moitié arabe, avait tenu opiniâtrement pour les amis des Arabes, pour Manfred et sa