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SUITE DU RÈGNE DE PHILIPPE-LE-BEL

au milieu de la mobilité universelle. La maison de France recevait du dehors la femme, l’élément mobile et variable, mais elle conservait dans la série des mâles l’élément fixe de la famille, l’identité du paterfamilias. La femme change de nom et de pénates. L’homme habitant la demeure des aïeux, reproduisant leur nom, est porté à suivre leurs errements. Cette transmission invariable de la couronne dans la ligne masculine a donné plus de suite à la politique de nos rois ; elle a balancé utilement la légèreté de notre oublieuse nation.

En repoussant ainsi le droit des filles au moment même où il triomphait peu à peu dans les fiefs, la couronne prenait ce caractère, de recevoir toujours sans donner jamais. À la même époque, une révocation hardie de toute donation depuis saint Louis[1] semble contenir le principe de l’inaliénabilité du domaine. Malheureusement l’esprit féodal qui reprit force sous les Valois à la faveur des guerres, provoqua de funestes créations d’apanages, et fonda au profit des branches diverses de la famille royale une féodalité princière aussi embarrassante pour Charles VI et Louis XI, que l’autre l’avait été pour Philippe-le-Bel.

Cette succession contestée, cette malveillance des seigneurs, jette Philippe-le-Long dans les voies de Philippe-le-Bel. Il flatte les villes, Paris, l’Université surtout, la grande puissance de Paris. Il se fait jurer fidélité par les nobles, en présence des maîtres de l’Uni-

  1. App. 130.