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HISTOIRE DE FRANCE

ment et de bonne justice, il fit accrocher à un gibet tout neuf le trésorier de son prédécesseur[1]. C’était, nous l’avons dit, l’usage de ce temps. Mais comme un roi vraiment justicier est le protecteur naturel des faibles et des affligés, Philippe accueillit le comte de Flandre malmené par les gens de Bruges, tout ainsi que Charles-le-Bel avait consolé la bonne reine Isabeau.

C’était une fête d’étrenner la jeune royauté par une guerre contre ces bourgeois. La noblesse suivit le roi de grand cœur. Cependant les gens de Bruges et d’Ypres, quoique abandonnés de ceux de Gand, ne se troublèrent pas. Bien armés et en bon ordre, ils vinrent au-devant, jusqu’à Cassel, qu’ils voulaient défendre (23 août). Les insolents avaient mis sur leur drapeau un coq et cette devise goguenarde :

Quand ce coq icy chantera,
Le Roy trouvé cy entrera[2].

Ce ne fut pas le cœur qui leur manqua pour tenir leur parole, mais la persistance et la patience. Pendant que les deux armées étaient en présence et se regardaient, les Flamands sentaient que leurs affaires étaient en souffrance, que les métiers d’Ypres ne battaient pas, que les ballots attendaient sur le marché de Bruges. L’âme de ces marchands était restée au

    biens séquestrés ; puis vint l’ordonnance qui réduisit toutes leurs dettes aux trois quarts, à quatre mois de terme, sans intérêt. » (Contin. G. de Nangis. — Ord., t. II.)

  1. Pierre Remy.
  2. « Appelant ledict Roy Philippe roy trouvé. » (Oudegherst.)