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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

d’un songe. C’est le Rêve d’une nuit d’été, où le poète mêle à plaisir les artisans et les héros ; le noble Thésée y figure à côté du menuisier Bottom, dont les belles oreilles d’âne tournent la tête à Titania.


Pendant que le jeune Édouard III commence tristement son règne par un hommage à la France, Philippe-de-Valois ouvre le sien au milieu des fanfares. Homme féodal, fils du féodal Charles-de-Valois, sorti de cette branche amie des seigneurs, il est soutenu par eux. Ces seigneurs et Charles-de-Valois lui-même avaient pourtant appuyé le droit des femmes à la mort de Louis-Hutin ; ils avaient désiré alors que la couronne, traitée comme un fief féminin, passât par mariage à diverses familles et qu’ainsi elle restât faible. Ils oublièrent cette politique lorsque le droit des mâles amena au trône un des leurs, le fils même de leur chef, de Charles-de-Valois. Ils comptaient bien qu’il allait réparer les injustes violences des règnes précédents ; qu’il allait, par exemple, rendre la Franche-Comté et l’Artois à ceux qui les réclamaient en vain depuis si longtemps. Robert d’Artois, croyant avoir enfin cause gagnée, aida puissamment à l’élévation de Philippe.

Le nouveau roi se montra d’abord assez complaisant pour les seigneurs. Il commença par les dispenser de payer leurs dettes[1]. En signe de gracieux avène-

  1. « Ils prétendaient qu’il y avait une conjuration des hommes du bas état pour ruiner la noblesse française, et en conséquence ils obtinrent d’abord un ordre du roi pour que tous leurs créanciers fussent mis en prison et leurs