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HISTOIRE DE FRANCE

maison de Luxembourg, dont le fils fut empereur sous le nom de Charles IV, déclarait ne pouvoir vivre qu’à Paris, le séjour le plus chevaleresque du monde. Il voltigeait par toute l’Europe, mais revenait toujours à la cour du grand roi de France. Il y avait là une fête éternelle, toujours des joutes, des tournois, la réalisation des romans de chevalerie, le roi Arthur et la Table ronde.

Pour se figurer cette royauté, il faut voir Vincennes, le Windsor des Valois. Il faut le voir non tel qu’il est aujourd’hui, à demi rasé ; mais comme il était quand ses quatre tours, par leurs ponts-levis, vomissaient aux quatre vents[1] les escadrons panachés, blasonnés, des grandes armées féodales, lorsque quatre rois, descendant en lice, joutaient par-devant le roi très chrétien ; lorsque cette noble scène s’encadrait dans la majesté d’une forêt, que des chênes séculaires s’élevaient jusqu’aux créneaux, que les cerfs bramaient la nuit au pied des tourelles, jusqu’à ce que le jour et le cor vinssent les chasser dans la profondeur des bois… Vincennes n’est plus rien, et pourtant, sans parler du donjon, je vois d’ici la petite tour de l’horloge qui n’a pas moins encore de onze étages d’ogives.

Au milieu de toute cette pompe féodale, qui charmait les seigneurs, ils eurent bientôt lieu de s’apercevoir que le fils de leur ami Charles-de-Valois ne régnerait pas autrement que les fils de Philippe-le-Bel. Ce règne chevaleresque commença par un ignoble

  1. App. 149.