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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

procès ; le château royal fut bientôt un greffe, où l’on comparait des écritures et jugeait des faux. Le procès n’allait pas à moins qu’à perdre et déshonorer un des grands barons, un prince du sang, celui même qui avait le plus contribué à l’élévation de Philippe, son cousin, son beau-frère, Robert d’Artois. On vit en ce procès ce qu’il y avait de plus humiliant pour les grands seigneurs, un des leurs faussaire et sorcier. Ces deux crimes appartiennent proprement à ce siècle. Mais il manquait jusque-là de les trouver dans un chevalier, dans un homme de ce rang.

Robert se plaignait depuis vingt-six ans d’avoir été supplanté dans la possession de l’Artois par Mahaut, sœur cadette de son père, femme du comte de Bourgogne. Philippe-le-Bel avait soutenu Mahaut et les deux filles de Mahaut, qu’avaient épousées ses fils avec cette dot magnifique de l’Artois et de la Franche-Comté[1]. À la mort de Louis-Hutin, Robert, profitant de la réaction féodale, se jeta sur l’Artois. Mais il fallut qu’il lâchât prise. Philippe-le-Long marchait contre lui. Il attendit donc que tous les fils de Philippe-le-Bel fussent morts, qu’un fils de Charles-de-Valois parvînt au trône. Personne n’eut plus de part que Robert à ce dernier événement[2]. Philippe-de-Valois, en reconnaissance, lui confia le commandement de l’avant-garde dans la campagne de Flandre, et donna le titre de pairie à son comté de Beaumont. Il avait épousé la sœur du roi, Jeanne-de-Valois ; celle-ci ne se conten-

  1. App. 150.
  2. App. 151.