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HISTOIRE DE FRANCE

furent écrites en son hôtel, place Baudoyer, par un clerc qui avait grand’peur, et qui, pour déguiser son écriture, se servit d’une plume d’airain, etc. La malheureuse eut beau dire qu’elle avait été forcée par madame Jeanne-de-Valois, elle n’en fut pas moins brûlée, au Marché aux pourceaux, près la porte Saint-Honoré[1]. Robert, qui était accusé en outre d’avoir empoisonné Mahaut et sa fille, n’attendit pas le jugement. Il se sauva à Bruxelles[2], puis à Londres près du roi d’Angleterre. Sa femme, sœur du roi, fut comme reléguée en Normandie. Sa sœur, comtesse de Foix, fut accusée d’impudicité, et Gaston, son fils, autorisé à l’enfermer au château d’Orthez. Le roi croyait avoir tout à craindre de cette famille. Robert, en effet, avait envoyé des assassins pour tuer le duc de Bourgogne, le chancelier, le grand trésorier et quelques autres de ses ennemis[3]. Contre l’assassinat du moins on pouvait se garder ; mais que faire contre la sorcellerie ? Robert essayait d’envoûter la reine et son fils[4].

  1. Jeannette, sa servante, y subit quatre ans après le même supplice. Quant aux faux témoins, les principaux furent attachés au pilori, vêtus de chemises toutes parsemées de langues rouges. (Archives.)
  2. … Il resta assez longtemps en Brabant ; le duc lui avait conseillé de quitter Bruxelles pour Louvain, et avait promis dans le contrat de mariage de son fils avec Marie de France que Robert sortirait de ses États. Cependant il se tint encore quelque temps sur ces frontières, allant de château en château ; « et bien le savoit le duc de Brabant ». L’avoué de Huy lui avait donné son chapelain, frère Henri, pour le guider et « aller à ses besognes en ce sauvage pays ». Réfugié au château d’Argenteau, et forcé d’en sortir « pour la ribauderie de son valet », il se dirigea vers Namur, et dut parlementer longtemps pour y être reçu ; il lui fallut attendre dans une pauvre maison, que le comte, son cousin, fût parti pour aller rejoindre le roi de Bohême.
  3. App. 154.
  4. App. 155.