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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

la princesse la menaçait de la faire noyer ou brûler. La Divion n’avait point de pièces ; elle en fit : d’abord une lettre de l’évêque d’Arras où il demandait pardon à Robert d’Artois d’avoir soustrait les titres. Puis une charte de l’aïeul de Robert, qui assurait l’Artois à son père. Ces pièces et d’autres à l’appui furent fabriquées à la hâte par un clerc de la Divion, et elle y plaqua de vieux sceaux. Elle avait eu soin d’envoyer demander à l’abbaye de Saint-Denis quels étaient les pairs à l’époque des actes supposés. À cela près, on ne prit pas de grandes précautions. Les pièces qui existent encore au Trésor des Chartes sont visiblement fausses[1]. À cette époque de calligraphie, les actes importants étaient écrits avec un tout autre soin.

Robert produisait à l’appui de ces pièces cinquante-cinq témoins. Plusieurs affirmaient qu’Enguerrand de Marigni allant à la potence, et déjà dans la charrette, avait avoué sa complicité avec l’évêque d’Arras dans la soustraction des titres.

Robert soutint mal ce roman. Sommé par le procureur du roi, en présence du roi môme, de déclarer s’il comptait faire usage de ces pièces équivoques, il dit oui d’abord, et puis non. La Divion avoua tout, ainsi que les témoins. Ces aveux sont extrêmement naïfs et détaillés. Elle dit entre autres choses qu’elle alla au Palais de Justice pour savoir si l’on pouvait contrefaire les sceaux ; que la charte qui fournit les sceaux fut achetée cent écus à un bourgeois ; que les pièces

  1. Archives, section hist., J, 439.