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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

seigneurs dirent d’abord qu’ils étaient prêts à le seconder, mais qu’il était juste que le plus considérable, le duc de Brabant se déclarât le premier. Le duc de Brabant demanda un délai, et finit par consentir. Alors ils dirent au roi d’Angleterre qu’il ne leur fallait plus qu’une chose pour se décider : c’était que l’empereur défiât le roi de France ; car enfin, disaient-ils, nous sommes sujets de l’Empire. Au reste, l’empereur avait un trop juste sujet de guerre, puisque le Cambrésis, terre d’Empire, était envahi par Philippe-de-Valois.

L’empereur Louis de Bavière avait d’autres motifs plus personnels pour se déclarer. Persécuté par les papes français, il ne parlait de rien moins que d’aller avec une armée se faire absoudre à Avignon. Édouard alla le trouver à la diète de Coblentz. Dans cette grande assemblée où l’on voyait trois archevêques, quatre ducs, trente-sept comtes, une foule de barons, l’Anglais apprit à ses dépens ce que c’était que la morgue et la lenteur allemandes. L’empereur voulait d’abord lui accorder la faveur de lui baiser les pieds. Le roi d’Angleterre, par-devant ce suprême juge, se porta pour accusateur de Philippe-de-Valois. L’empereur, une main sur le globe, l’autre sur le sceptre, tandis qu’un chevalier lui tenait sur la tête une épée nue, défia le roi de France, le déclara déchu de la protection de l’Empire, et donna gracieusement à Édouard le diplôme de vicaire impérial sur la rive gauche du Rhin. Au reste, ce fut tout ce que l’Anglais put en tirer. L’empereur réfléchit, eut des scrupules, et au lieu de s’en-