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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

ils pouvaient faire le plus de mal aux Anglais. Un Douglas devint comte de Touraine. Il existe encore, dit-on, des Douglas dans la Bresse.

Notre Bretagne eut son border comme l’Écosse, et aussi ses ballades[1]. Peut-être la vie du soldat mercenaire, qui fut longtemps celle des Bretons au moyen âge, étouffa-t-elle ce génie poétique.

Mais l’histoire seule en Bretagne est une poésie. Il n’est point mémoire d’une lutte si diverse et si obstinée. Cette race de béliers a toujours été heurtant, sans rien trouver de plus dur qu’elle-même. Elle a fait front tour à tour à la France et aux ennemis de la France. Elle repoussa nos rois sous Noménoé, sous Montfort ; elle repoussa les Northmans sous Allan Barbetorte, et les Anglais sous Duguesclin.

C’est au border breton, dans les landes d’Anjou, que Robert-le-Fort se fit tuer par les Northmans, et gagna le trône aux Capets. Là encore, les futurs rois d’Angleterre prirent le nom de Plante-Genêts. Ces bruyères, comme celles de Macbeth, saluèrent les deux royautés.

Le long récit des guerres bretonnes qui renluminent si bien la Chronique de Froissart[2], ces aventures de toutes sortes, coupées de romanesques incidents, font penser à certains paysages abruptes de Bretagne, brusquement variés, pauvres, pierreux, semés parmi

  1. Voyez, entre autres ouvrages, le beau livre de M. Émile Souvestre : les Derniers Bretons.
  2. « Entrerons en la grand matière et histoire de Bretagne, qui grandement renlumine ce livre pour les beaux faits d’armes qui y sont ramentués. »