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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

était temps qu’elle arrivât ; les seigneurs parlementaient en face même de la comtesse, quand elle vit arriver le secours qu’elle attendait depuis si longtemps d’Angleterre. « Qui adonc vit la comtesse descendre du châtel à grand’chère, et baiser messire Gautier de Mauny et ses compagnons, les uns après les autres, deux ou trois fois, bien peut dire que c’étoit une vaillante dame[1]. »

Le roi d’Angleterre vint lui-même vers la fin de cette année au secours de la Bretagne. Le roi de France en approcha avec une armée ; il semblait que cette petite guerre de Bretagne allait devenir la grande. Il ne se fit rien d’important. La pénurie des deux rois les condamna à une trêve, où leurs alliés étaient compris ; les Bretons seuls restaient libres de guerroyer.

La captivité de Montfort avait fortifié son parti. Philippe-de-Valois prit soin de le raviver encore, en faisant mourir quinze seigneurs bretons qu’il croyait favorables aux Anglais. L’un d’eux, Clisson, prisonnier en Angleterre, y avait été trop bien traité. On dit que le comte de Salisbury, pour se venger d’Édouard qui lui avait débauché sa belle comtesse, dénonça au roi de France le traité secret de son maître et de Clisson[2]. Les Bretons, invités à un tournoi, furent saisis et mis à mort sans jugement. Le frère de l’un d’eux ne fut pas supplicié, mais exposé sur une échelle où le peuple le lapida.

Peu après, le roi fit encore mourir sans jugement

  1. Froissart.
  2. Chron. de Flandre.