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HISTOIRE DE FRANCE

trois seigneurs de Normandie. Il aurait voulu aussi avoir en ses mains le comte d’Harcourt. Mais il échappa, et ne fut pas moins utile aux Anglais que Robert d’Artois.

Jusque-là les seigneurs se faisaient peu scrupule de traiter avec l’étranger. L’homme féodal se considérait encore comme un souverain qui peut négocier à part. La parenté des deux noblesses française et anglaise, la communauté de langues (les nobles anglais parlaient encore français), tout favorisait ces rapprochements. La mort de Clisson mit une barrière entre les deux royaumes.

En une même année, l’Anglais perdit Montfort et Artevelde. Artevelde était devenu tout Anglais. Sentant la Flandre lui échapper, il voulait la donner au prince de Galles. Déjà Édouard était à l’Écluse et présentait son fils aux bourgmestres de Gand, de Bruges et d’Ypres. Artevelde fut tué.

Avec toute sa popularité, ce roi de Flandre n’était au fond que le chef des grosses villes, le défenseur de leur monopole. Elles interdisaient aux petites la fabrication de la laine. Une révolte eut lieu à ce sujet dans l’une de ces dernières. Artevelde la réprima et tua un homme de sa main. Dans l’enceinte même de Gand, les deux corps des drapiers se faisaient la guerre. Les foulons exigeaient des tisseurs ou fabricants de draps une augmentation de salaire. Ceux-ci la refusant, ils se livrèrent un furieux combat. Il n’y avait pas moyen de séparer ces dogues. En vain les prêtres apportèrent sur la place le corps de Notre-Seigneur. Les fabricants,