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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

des Lombards, il s’achemina enfin, avec une grande et grosse armée, comme celle qui avait été battue à Créci. On ne pouvait arriver jusqu’à Calais que par les marais ou les dunes. S’enfoncer dans les marais, c’était périr ; tous les passages étaient coupés, gardés ; pourtant les gens de Tournai emportèrent bravement une tour, sans machines et à la force de leurs bras[1].

Les dunes du côté de Boulogne étaient sous le feu d’une flotte anglaise. Du côté de Gravelines, elles étaient gardées par les Flamands, que le roi ne put gagner. Il leur offrit des monts d’or ; de leur rendre Lille, Béthune, Douai ; il voulait enrichir leurs bourgmestres, faire de leurs jeunes gens des chevaliers, des seigneurs[2]. Rien ne les toucha. Ils craignaient trop le retour de leur comte, qui, après une fausse réconciliation, venait encore de se sauver de leurs mains[3]. Philippe ne put rien faire. Il négocia, il défia. Édouard resta paisible[4].

Ce fut un terrible désespoir dans la ville affamée,

  1. App. 174.
  2. Il leur offrait encore de faire lever l’interdit jeté sur la Flandre, d’y entretenir le blé pendant six ans à un très bas prix ; de leur faire porter des laines de France, qu’ils manufactureraient avec le privilège de vendre en France les draps fabriqués de ces laines, exclusivement à tous autres, tant qu’ils en pourraient fournir, etc. (Rob. d’Avesbury.)
  3. Pour le forcer à épouser la fille du roi d’Angleterre, les Flamands le retenaient en prison courtoise. Il s’y ennuyait ; il promit tout et en sortit, mais sous bonne garde : « … Et un jour qu’il était allé voler en rivière, il jeta son faucon, le suivit à cheval, et quand il fut un petit éloigné, il férit des éperons et s’en vint en France. » (Froissart.)
  4. Froissart dit que le roi, venant au secours de Calais, envoya défier Édouard, et que celui-ci refusa. Édouard, dans une lettre à l’archevêque d’York, annonce au contraire qu’il a accepté le défi, et que le combat n’a pas eu lieu parce que Philippe a décampé précipitamment avant le jour, après avoir mis le feu à son camp.