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HISTOIRE DE FRANCE

hommes, femmes et enfants, mises hors de la ville par le gouverneur, moururent de misère et de froid entre la ville et le camp. Tel est du moins le récit de l’historien anglais[1].

Édouard avait pris racine devant Calais. La médiation du pape n’était pas capable de l’en arracher. On vint lui dire que les Écossais allaient envahir l’Angleterre. Il ne bougea pas. Sa persévérance fut récompensée. Il apprit bientôt que ses troupes, encouragées par la reine, avaient fait prisonnier le roi d’Écosse. L’année suivante, Charles de Blois fut pris de même en assiégeant la Roche-de-Rien. Édouard pouvait croiser les bras, la fortune travaillait pour lui.

Il y avait pour le roi de France une grande et urgente nécessité à secourir Calais[2]. Mais la pénurie était si grande, cette monarchie demi-féodale si inerte et si embarrassée, qu’il ne réussit à se mettre en mouvement qu’au bout de dix mois de siège, lorsque les Anglais étaient fortifiés, retranchés, couverts de palissades, de fossés profonds. Ayant ramassé quelque argent par l’altération des monnaies[3], par la gabelle, par les décimes ecclésiastiques, par la confiscation des biens

  1. App. 173.
  2. Les Anglais ayant donné la chasse à deux vaisseaux qui essayaient de sortir du port, interceptèrent cette lettre du gouverneur à Philippe-de-Valois : « Si avons pris accord entre nous que si n’avons en brief secour de nous issirome hors de la ville toutz a champs pour combattre pour vivere ou pour morir ; qar nous amons meutz à morir as champs honourablement que manger l’un l’autre… » (Froissart.) — Le Continuateur de Nangis dit que le roi n’avait point cessé de leur envoyer des vivres, par terre et par mer, mais qu’ils avaient été détournés.
  3. Ord., II.