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BATAILLE DE POITIERS

du vol direct qu’on appelait droit de prise, et du vol indirect qui se faisait sur les monnaies. Le roi déclara que le nouvel impôt s’étendrait à tous, clercs et nobles ; qu’il le payerait lui-même, ainsi que la reine et les princes.

Ces bonnes paroles ne rassurèrent pas les États. Ils ne se fièrent pas à la parole royale, aux receveurs royaux. Ils voulurent recevoir eux-mêmes par des receveurs de leur choix, se faire rendre compte, s’assembler de nouveau au 1er mars, puis un an après, à la Saint-André.

Voter et recevoir l’impôt, c’est régner. Personne alors ne sentit toute la portée de cette demande hardie des États, pas même probablement Marcel, le fameux prévôt des marchands, que nous voyons à la tête des députés des villes[1].

L’assemblée achetait cette royauté par la concession énorme de six millions de livres parisis pour solder trente mille gens d’armes. Cet argent devait être levé par deux impôts, sur le sel et sur les ventes ; mauvais impôts sans doute, et sur le pauvre, mais quel autre imaginer dans un besoin pressant, lorsque tout le Midi était en proie ?…

La Normandie, l’Artois, la Picardie n’envoyèrent

  1. « Protestèrent les bonnes villes par la bouche de Étienne Marcel, lors prévost des marchands à Paris, que ils estoient tous prests de vivre, de mourir avec le roi ». (Froissart.) — Lire sur Étienne Marcel et la révolution de 1356-58 l’excellent travail de M. Perrens. MM. H. Martin et J. Quicherat (Plutarque français) avaient déjà bien indiqué le caractère des événements de cette grande époque sur lesquels M. Perrens a concentré la plus vive lumière en les racontant et les discutant avec détail (1860).