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HISTOIRE DE FRANCE

point à ces États. Les Normands étaient encouragés par le roi de Navarre, le comte d’Harcourt et autres, qui déclarèrent que la gabelle ne serait point levée sur leurs terres : « qu’il ne se trouveroit point si hardi homme de par le roi de France qui la dût faire courir, ni sergent qui enlevât amende, qui ne le payât de son corps[1]. »

Les États reculèrent. Ils supprimèrent les deux impôts, et y substituèrent une taxe sur le revenu : 5 pour 100 sur les plus pauvres, 4 pour 100 sur les biens médiocres, 2 pour 100 sur les riches. Plus on avait, et moins l’on payait.

Le roi, cruellement blessé de la résistance du roi de Navarre et de ses amis, avait dit « qu’il n’auroit jamais parfaite joie tant qu’ils fussent en vie ». Il partit d’Orléans avec quelques cavaliers, chevaucha trente heures, et les surprit au château de Rouen, où ils étaient à table. Le dauphin les avait invités. Il fit couper la tête à d’Harcourt et à trois autres ; le roi de Navarre fut jeté en prison et menacé de la mort. On répandit le bruit qu’ils avaient engagé le dauphin à s’enfuir chez l’empereur pour faire la guerre au roi son père.

La résistance aux impôts votés par les États livrait le royaume à l’Anglais. Le prince de Galles se promenait à son aise dans nos provinces du Midi. Il lui suffisait d’une petite armée, composée cette fois en bonne partie de gens d’armes, de chevaliers. La guerre n’en

  1. Froissart.