Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
HISTOIRE DE FRANCE

monté par En Cortada, vint devers le roi, que l’on voyait au-dessus de la Fontaine d’Or, enseignes déployées, à la tête de la cavalerie. Si tous ceux qui étaient là avec le roi furent transportés de joie, en apercevant ce vaisseau avec sa bannière, c’est ce qu’il ne faut pas demander. Le vaisseau prit terre, En Cortada débarqua et dit au roi : « Seigneur, voilà vos galères ; elles vous amènent celles de vos ennemis. Nicotera est prise, brûlée et détruite, et il a péri plus de deux cents chevaliers français. » À ces mots, le roi descendit de cheval et s’agenouilla. Tout le monde suivit son exemple. Ils commencèrent à entonner tous ensemble le Salve regina. Ils louèrent Dieu, et lui rendirent grâces de cette victoire, car ils ne la rapportaient point à eux, mais à Dieu seul. Enfin, le roi répondit à En Cortada : « Soyez le bienvenu ! » Il lui dit ensuite de retourner sur ses pas, et de dire à tous ceux qui se trouvaient devant la douane de s’approcher en louant Dieu ; il obéit, et les vingt-deux galères entrèrent les premières, traînant après elles chacune plus de quinze galères, barques ou bâtiments ; ainsi elles firent leur entrée à Messine, pavoisées, l’étendard déployé, et traînant sur la mer les enseignes ennemies. Jamais on ne fut témoin d’une telle allégresse. On eût dit que le ciel et la terre étaient confondus ; et au milieu de tous ces cris, on entendait les louanges de Dieu, de madame Sainte Marie et de toute la cour céleste… Quand on fut à la douane, devant le palais du roi, on poussa des cris de joie ; et les gens de mer et les gens de terre y répondirent, mais d’une telle force, vous