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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/29

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VÊPRES SICILIENNES

« Quand le jour fut arrivé, ils se présentèrent à la tourelle. Les gens de la ville, voyant un si grand nombre de voiles, s’écrièrent : « Ah ! Seigneur ! ah ! mon Dieu, qu’est-ce cela ? Voilà la flotte du roi Charles qui, après s’être emparée des galères du roi d’Aragon, revient sur nous. »

« Le roi était levé, car il se levait constamment à l’aube du jour, soit l’été, soit l’hiver ; il entendit le bruit, et en demanda la cause. « Pourquoi ces cris dans toute la cité ? — Seigneur, c’est la flotte du roi Charles qui revient bien plus considérable et qui s’est emparée de nos galères. »

« Le roi demanda un cheval et sortit du palais, suivi à peine de dix personnes. Il courut le long de la côte, où il rencontra un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants au désespoir. Il les encouragea en leur disant : « Bonnes gens, ne craignez rien, ce sont nos galères qui amènent la flotte du roi Charles. » Il répétait ces mots en courant sur le rivage de la mer ; et tous ces gens s’écriaient : « Dieu veuille que cela soit ainsi ! » Que vous dirai-je, enfin ? Tous les hommes, les femmes et enfants de Messine couraient après lui, et l’armée de Messine le suivait aussi. Arrivé à la Fontaine d’Or, le roi, voyant approcher une si grande quantité de voiles poussées par le vent des montagnes, réfléchit un moment et dit à part soi : « Dieu, qui m’a conduit ici, ne m’abandonnera point, non plus que ce malheureux peuple ; grâces lui en soient rendues ! »

« Tandis qu’il était dans ces pensées, un vaisseau armé, pavoisé des armes du seigneur roi d’Aragon, et