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HISTOIRE DE FRANCE

tifiée. On fixa sur les remparts sept cent cinquante guérites. Tout cet immense travail fut terminé en quatre ans[1].

Je ne puis faire comprendre la révolution qui va suivre, et le rôle que Paris y joua, sans dire ce que c’est que Paris.

Paris a pour armes un vaisseau. Primitivement, il est lui-même un vaisseau, une île, qui nage entre la Seine et la Marne, déjà réunies, mais non confondues[2].

Au sud la ville savante, au nord la ville commerçante[3]. Au centre la Cité, la cathédrale, le palais, l’autorité.

Cette belle harmonie d’une cité flottant entre deux villes diverses, qui l’enserrent gracieusement, suffirait pour faire de Paris la ville unique, la plus belle qui fût jamais. Rome, Londres, n’ont rien de tel ; elles sont jetées sur un seul côté de leur fleuve[4]. La forme de Paris est non seulement belle, mais vraiment organique. L’individualité primitive est dans la Cité, à quoi sont venues se rattacher les deux universalités de la science et du commerce, le tout constituant la vraie capitale de la sociabilité humaine.

L’autorité, la Cité, c’était l’île. Mais sur les deux rives deux asiles s’ouvraient à l’indépendance. L’Uni-

  1. App. 195.
  2. À l’île Louviers, on distingue souvent les deux rivières à la couleur de leurs eaux.
  3. De ce côté, dès le temps de Charles-le-Chauve, nous trouvons la foire du Landit, entre Saint-Denis et La Chapelle.
  4. Elles n’ont de l’autre côté qu’un faubourg.