Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
HISTOIRE DE FRANCE

voulu forcer Saint-Germain, mais pour y prendre, dans un besoin du roi, la riche croix de Childebert. Ces prévôts n’étaient guère, ce semble, dévots qu’au roi. Un autre Étienne (Étienne Boileau) obtint le consentement de saint Louis pour pendre un voleur le vendredi saint. Le prévôt de Charles V fut persécuté par le clergé, comme ami des Juifs.

L’Université était souvent en guerre avec Notre-Dame et Saint-Germain-des-Prés. Le roi la soutenait. Il donnait presque toujours raison aux écoliers contre les bourgeois, contre son prévôt même. Le prévôt faisait ordinairement amende honorable pour avoir fait justice. Le roi avait besoin de l’Université : il s’appuyait volontiers sur cette grande force, sans se douter qu’elle pouvait tourner contre lui. Philippe-le-Bel appela au Temple les maîtres de l’Université pour leur faire lire l’accusation contre les Templiers. Philippe-le-Long, pour appuyer sa royauté contestée, les fit assister au serment qu’il exigeait de la noblesse, et obtint leur approbation. La fille des rois semble ici se porter pour juge des rois. Philippe-de-Valois la fait juge du pape. Le pape, qui si longtemps a soutenu l’Université contre l’évêque de Paris, est menacé par elle de condamnation[1]. Tout à l’heure, l’orgueil de l’Université sera porté au comble par le schisme ; nous la verrons choisir entre les papes, gouverner Paris, régenter le roi.

L’Université seule était un peuple. Lorsque le rec-

  1. Rayn., Annal. Eccles., ann. 1331.