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HISTOIRE DE FRANCE

de Galilée, comme on l’appelait, ne pouvait manquer d’attirer beaucoup de gens, à cette époque fiscale. Les bourgeois remplissaient les plus grandes charges. Barbet, maître de la monnaie sous Philippe-le-Bel, Poilvilain, trésorier du roi Jean, étaient des bourgeois de Paris. Le roi faisait montre de sa confiance pour la bonne ville. Malgré la révolte des monnaies en 1306, il les avait appelés lui-même à son jardin royal, lors de l’affaire des Templiers[1].

Le chef naturel de ce grand peuple était, non le prévôt royal, magistrat de police, presque toujours impopulaire, mais le prévôt des marchands[2], président naturel des échevins de Paris. Dans l’abandon où le royaume se trouvait après la bataille de Poitiers, Paris prit l’initiative, et dans Paris le prévôt des marchands.

Les États du nord de la France, assemblés le 17 octobre, un mois après la bataille, réunirent quatre cents députés des bonnes villes, et à leur tête Étienne Marcel, prévôt des marchands. Les seigneurs, la plupart prisonniers, n’y vinrent guère que par procureurs. Il en fut de même des évêques. Toute l’influence fut aux députés des villes, et surtout à ceux de Paris. Dans l’ordonnance de 1357, résultat mémorable de ces États, on sent la verve révolutionnaire et en même temps le génie administratif de la grande commune. On ne peut expliquer qu’ainsi la netteté, l’unité de

  1. Allusion à la rue de Galilée, près de laquelle siégeait la cour.
  2. Chef de la marchandise de l’eau, dont le privilège exclusif remontait à 1192.