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ÉTATS GÉNÉRAUX

vues qui caractérisent cet acte. La France n’eût rien fait sans Paris.

Les États, assemblés d’abord au Parlement, puis aux Cordeliers, nommèrent un comité de cinquante personnes pour prendre connaissance de la situation du royaume. Ils voulurent « encore savoir plus avant que le grand trésor qu’on avoit levé au royaume du temps passé, en dixièmes, en maltôtes, en subsides, et en forges de monnoies, et en toute autre extorsion, dont leurs gens avoient été formenés et triboulés, et les soudoyers mal payés, et le royaume mal gardé et défendu, étoit devenu ; mais de ce ne savoit nul à rendre compte[1] ».

Tout ce qu’on sut, c’est qu’il y avait eu prodigalité monstrueuse, malversation, concussion. Le roi, au plus fort de la détresse publique, avait donné cinquante mille écus à un seul de ses chevaliers. Des officiers royaux, pas un n’avait les mains nettes. Les commissaires firent savoir au dauphin que, dans la séance publique, ils lui demanderaient de poursuivre ses officiers, de délivrer le roi de Navarre, et de permettre que trente-six députés des États, douze de chaque ordre, l’aidassent à gouverner le royaume.

Le dauphin, qui n’était pas roi, ne pouvait guère mettre ainsi la royauté entre les mains des États. Il ajourna la séance, sous prétexte de lettres qu’il aurait reçues du roi et de l’empereur. Puis il invita les députés à retourner chez eux pour prendre l’avis

  1. Froissart.