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ÉTATS GÉNÉRAUX

représentation telle quelle du royaume contre Paris.

Les États rendirent hommage aux réformes de la grande ordonnance, en les adoptant pour la plupart. L’aide qu’ils votèrent devait être perçue par des députés des États. Cette affectation de popularité effraya Marcel. Il engagea l’Université à implorer pour la ville la clémence du dauphin. Mais il n’y avait plus de paix possible. Le prince insistait pour qu’on lui livrât dix ou douze des plus coupables. Il se rabattit même à cinq ou six, assurant qu’il ne les ferait pas mourir.

Marcel ne s’y fia pas. Il acheva promptement les murs de Paris, sans épargner les maisons de moines qui touchaient l’enceinte[1]. Il s’empara de la tour du Louvre. Il envoya en Avignon louer des brigands[2].

La noblesse et la commune allaient combattre et se mesuraient, lorsqu’un tiers se leva auquel personne n’avait songé. Les souffrances du paysan avaient passé la mesure ; tous avaient frappé dessus, comme sur une bête tombée sous la charge ; la bête se releva enragée, et elle mordit.

Nous l’avons déjà dit. Dans cette guerre chevaleresque que se faisaient à armes courtoises[3] les nobles de France et d’Angleterre, il n’y avait au fond qu’un ennemi, une victime des maux de la guerre : c’était le paysan. Avant la guerre, celui-ci s’était épuisé pour fournir aux magnificences des seigneurs, pour payer

  1. En continuant ces travaux, on retrouva les fondations de tours qu’on regarda comme des constructions des Sarrasins. Là, selon les anciennes chroniques, avait existé autrefois un camp appelé Altum-Folium (rue Haute-Feuille, rue Pierre-Sarrasin).
  2. App. 211.
  3. App. 212.