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HISTOIRE DE FRANCE

Marcel croyait avoir gagné le roi de Navarre, et il perdit les États. C’est-à-dire que la légalité, violée par un crime, le délaissa pour toujours. Ce qui restait des députés de la noblesse quitta Paris, sans attendre la clôture. Plusieurs même des commissaires des États, chargés du gouvernement dans l’intervalle des sessions, ne voulurent plus gouverner, et laissèrent Marcel. Lui, sans se décourager, il les remplaça par des bourgeois de Paris[1]. Paris se chargeait de gouverner la France ; mais la France ne voulut pas[2].

La Picardie, qui avait si vivement pris parti en délivrant le roi de Navarre, fut la première à refuser d’envoyer de l’argent à Paris. Les États de Champagne s’assemblèrent, et Marcel ne fut pas assez fort pour empêcher le dauphin d’y aller. Dès lors, il devait périr tôt ou tard. Le pouvoir royal n’avait besoin que d’une prise pour ressaisir tout. Le dauphin alla à ces États, accompagné des gens de Marcel ; et d’abord il n’osa rien dire contre ce qui s’était passé à Paris. Mais les nobles de Champagne ne manquèrent pas de parler. Le comte de Braine lui demanda si les maréchaux de Champagne et de Normandie avaient mérité la mort. Le dauphin répondit qu’ils l’avaient toujours bien et loyalement servi. Même scène à Compiègne, aux États de Vermandois[3]. Le dauphin, tout à fait rassuré, prit sur lui de transférer à Compiègne les États de la langue d’Oil, qui étaient convoqués pour le 1er mai à Paris. Peu de monde y vint. C’était toutefois une

  1. App. 208.
  2. App. 209.
  3. App. 210.