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ÉTATS GÉNÉRAUX

familles, tuant les jeunes héritiers, tuant l’honneur, en violant les dames[1]. Puis, ces sauvages s’affublaient de beaux habits, eux et leurs femmes se paraient de belles dépouilles sanglantes.

Et toutefois, ils n’étaient pas tellement sauvages qu’ils n’allassent avec une sorte d’ordre, par bannières, et sous un capitaine, un des leurs, un rusé paysan qui s’appelait Guillaume Callet[2] : « Et en ces assemblées avoit gens de labour le plus, et si y avoit de riches hommes bourgeois, et aultres[3]. » — « Quand on leur demandoit, dit Froissart, pourquoi ils faisoient ainsi, ils répondoient qu’ils ne savoient, mais qu’ils faisoyent ainsi qu’ils veoyent les autres faire ; et pensoyent qu’ils dussent en telle manière destruire tous les nobles et gentilshommes du monde. »

Aussi les grands et les nobles se déclarèrent tous contre eux, sans distinction de parti. Charles-le-Mauvais les flatta, invita leurs principaux chefs[4], et pendant les pourparlers il fit main-basse sur eux. Il couronna le roi des Jacques d’un trépied de fer rouge. Il les surprit ensuite près de Montdidier, et en fit un grand carnage. Les nobles se rassurèrent, prirent les armes, et se mirent à tuer et brûler tout dans les campagnes, à tort ou à droit[5].

  1. App. 217.
  2. Ou Caillet, dans les Chroniques de France ; Karle, dans le Continuateur de Nangis ; Jacques Bonhomme, selon Froissart et l’auteur anonyme de la première Vie d’Innocent VI : « Et l’élurent le pire des mauvais, et ce roi on appeloit Jacques Bonhomme. » (Froissart.) — Voy., sur Calle, M. Perrens (1860).
  3. Chron. de Saint-Denis. App. 218.
  4. « Blanditiis advocavit. » (Contin. G. de Nangis.)
  5. App. 219.