Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
ÉTATS GÉNÉRAUX

étouffer. Le roi de Navarre, qui le voyait bien, se faisait marchander par les deux partis. La dauphine et beaucoup de bonnes gens, c’est-à-dire des seigneurs, des évêques s’entremettaient, allaient et venaient. On offrait au roi de Navarre quatre cent mille florins, pourvu qu’il livrât Paris et Marcel[1]. Le traité était déjà signé, et une messe dite, où les deux princes devaient communier de la même hostie. Le roi de Navarre déclara qu’il ne pouvait, n’étant pas à jeun[2].

Le dauphin lui promettait de l’argent. Marcel lui en donnait. Toutes les semaines il envoyait à Charles-le-Mauvais deux charges d’argent pour payer ses troupes. Il n’avait d’espoir qu’en lui ; il l’allait voir à Saint-Denis ; il le conjurait de se rappeler que c’étaient les gens de Paris qui l’avaient tiré de prison, et eux encore qui avaient tué ses ennemis. Le roi de Navarre lui donnait de bonnes paroles ; il l’engageait « à se bien pourvoir d’or et d’argent et à l’envoyer hardiment à Saint-Denis, qu’il leur en rendrait bon compte[3] ».

Ce roi des bandits ne pouvait, ne voulait sans doute les empêcher de piller. Les bourgeois voyaient leur argent s’en aller aux pillards, et les vivres n’en venaient pas mieux. Le prévôt était toujours sur la route de Saint-Denis, toujours en pourparlers. Cela leur donnait à penser. De tant d’argent que levait Marcel, n’en gardait-il pas bonne part ? Déjà on avait épilogué sur les salaires que les commissaires des États s’étaient libéralement attribués à eux-mêmes[4].

  1. Froissart.
  2. Secousse.
  3. Froissart.
  4. Ordonn., III. Voyez aussi Villani.