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HISTOIRE DE FRANCE

Les Navarrais, Anglais et autres mercenaires avaient suivi la plupart le roi de Navarre à Saint-Denis. D’autres étaient restés à Paris pour manger leur argent. Les bourgeois les voyaient de mauvais œil. Il y eut des batteries, et l’on en tua plus de soixante. Marcel, qui ne craignait rien tant que de se brouiller avec le roi de Navarre, sauva les autres en les emprisonnant, et le soir même il les renvoya à Saint-Denis[1]. Les bourgeois ne le lui pardonnèrent pas.

Cependant les Navarrais poussaient leurs courses jusqu’aux portes ; on n’osait plus sortir. Les Parisiens se fâchèrent ; ils déclarèrent au prévôt qu’ils voulaient châtier ces brigands. Il fallut leur complaire, les faire sortir pour chercher les Navarrais. Ayant couru tout le jour vers Saint-Cloud, ils revenaient fort las (c’était le 22 juillet), traînant leurs épées, ayant défait leurs bassinets[2], se plaignant fort de n’avoir rien trouvé, lorsqu’au fond d’un chemin ils trouvent quatre cents hommes qui se lèvent et tombent sur eux. Ils s’enfuirent à toutes jambes, mais avant d’atteindre les portes il en périt sept cents ; d’autres encore furent tués le lendemain, lorsqu’ils allaient chercher les morts. Cette déconfiture acheva de les exaspérer contre Marcel : c’était sa faute, disaient-ils ; il était rentré avant eux[3] ; il ne les avait pas soutenus ; probablement il avait averti l’ennemi.

  1. Chroniques de France.
  2. « Et portoit l’un son bassinet en sa main, l’autre à son col, les autres par lâcheté et ennui trainoient leurs épées ou les portoient en écharpe. » (Froissart.)
  3. App. 222.