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HISTOIRE DE FRANCE

Pâques, j’ai vu aux Carmes officier les prêtres de dix Communes… Le lendemain, on a ordonné de brûler les trois faubourgs, et permis à tout homme d’y prendre ce qu’il pourrait, bois, fer, tuiles et le reste. Il n’a pas manqué de gens pour le faire bien vite. Les uns pleuraient, les autres riaient… — Près de Chanteloup, douze cents personnes, hommes, femmes et enfants, s’étaient enfermés dans une église. Le capitaine, craignant qu’ils ne se rendissent, a fait mettre le feu… Toute l’église a brûlé. Il ne s’en est pas sauvé trois cents personnes. Ceux qui sautaient par les fenêtres trouvaient en bas les Anglais qui les tuaient et se moquaient d’eux pour s’être brûlés eux-mêmes. J’ai appris ce lamentable événement d’un homme qui avait échappé, par la volonté de Notre-Seigneur, et qui en remerciait Dieu[1]. »

Le roi d’Angleterre n’osa attaquer Paris[2]. Il s’en alla vers la Loire, sans avoir pu combattre ni gagner aucune place. Il consolait les siens en leur promettant de les ramener devant Paris aux vendanges. Mais ils étaient fatigués de cette longue campagne d’hiver. Arrivés près de Chartres, ils y éprouvèrent un terrible orage, qui mit leur patience à bout. Édouard y fit vœu, dit-on, de rendre la paix aux deux peuples. Le pape l’en suppliait. Les nobles de France, ne touchant plus rien de leurs revenus, priaient le régent de traiter à tout prix. Le roi Jean, sans doute, pressait aussi son fils. Aux conférences de Brétigny, ouvertes le 1er mai,

  1. Contin. G. de Nangis.
  2. App. 230.