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HISTOIRE DE FRANCE

ne pouvait plus aller de Paris à Orléans, ni à Chartres ; le pays était infesté de Gascons et de Bretons[1].

Les nobles qui revenaient d’Angleterre et qui se sentaient méprisés n’étaient pas moins cruels que ces brigands. La ville de Péronne, qui s’était bravement gardée elle-même, prit querelle avec Jean d’Artois. Ce fut comme une croisade des nobles contre le peuple. Jean d’Artois, soutenu par le frère du roi et par la noblesse, prit à sa solde des Anglais ; il assiégea Péronne, la prit, la brûla. Ils traitèrent de même Chauny-sur-Oise, et d’autres villes. — En Bourgogne, les nobles servaient eux-mêmes de guide aux bandes qui pillaient le pays[2]. Les brigands de toute nation se disant Anglais, le roi défendait de les attaquer. Il pria Édouard d’en écrire à ses lieutenants[3].

Ces pillards s’appelaient eux-mêmes les Tard-Venus ; venus après la guerre, il leur fallait aussi leur part. La principale compagnie commença en Champagne et en Lorraine, puis elle passa en Bourgogne : le chef était un Gascon, qui voulait, comme l’Archiprêtre, les mener voir le pape à Avignon, en passant par le Forez et le Lyonnais. Jacques de Bourbon, qui se trouvait alors dans le Midi, était intéressé à défendre

  1. Les brigands avaient surpris un fort près de Corbeil. Beaucoup d’hommes d’armes se chargèrent de le reprendre et firent encore plus de mal au pays ; les défenseurs nuisaient plus que les ennemis ; les chiens aidaient les loups à manger le troupeau. Le Continuateur de Nangis raconte la fable.
  2. « Ils avoient de leur accord aucuns chevaliers et écuyers du pays, qui les menoient et conduisoient. » (Froissart.)
  3. « Mais les pillards n’en tenoient compte, et disoient qu’ils faisoient la guerre en l’ombre et nom du roi de Navarre. » (Idem.)