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HISTOIRE DE FRANCE

mourut, ainsi que sa sœur ; la première maison de Bourgogne se trouva éteinte : la succession comprenait les deux Bourgognes, l’Artois, les comtés d’Auvergne et de Boulogne. Le plus proche héritier était le roi de Navarre. Il demandait qu’on lui laissât prendre possession de la Bourgogne, ou au moins de la Champagne qu’il réclamait depuis si longtemps. Il n’eut ni l’une ni l’autre. Il était impossible de remettre ces provinces à un roi étranger, à un prince si odieux. Jean les déclara réunis à son domaine[1], et partit pour en prendre possession, « cheminant à petites journées et à grands dépens, et séjournant de ville en ville, de cité en cité, en la duché de Bourgogne[2] ».

Il y apprit, sans aller plus vite, la mort de Jacques de Bourbon. Vers la fin de l’année, il descendit à Avignon, et y passa six mois dans les fêtes. Il espérait y faire une nouvelle conquête en pleine paix. Jeanne de Naples, comtesse de Provence, celle qui avait laissé tuer son premier mari, se trouvait veuve du second. Jean prétendait être le troisième. Il était veuf lui-même ; il n’avait encore que quarante-trois ans. Captif, mais après une belle résistance, ce roi soldat[3] intéressait la chrétienté, comme François Ier après Pavie. Le pape ne se soucia pas de faire un roi de France maître de Naples et de la Provence. Il donna à cette reine de trente-six ans un tout jeune mari, non pas un fils de France, mais Jacques d’Aragon, fils du roi détrôné de Majorque.

  1. App. 234.
  2. Froissart.
  3. Voy. la Chronique en prose de Duguesclin.