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HISTOIRE DE FRANCE

toute vergogne, peu valaient-ils ; du moins faisaient-ils peu de mal.

« Mais dès lors ils poussèrent par force et par mensonge, et puis par pénitence ils prirent Normandie et Gascogne.

« Charles passe en Italie, et puis, par pénitence, égorge Conradin. — Par pénitence encore, il renvoie saint Thomas au ciel.

« Un autre Charles sortira tantôt de France. Sans armes, il sort, sauf la lance du parjure, la lance de Judas. Il en frappe Florence au ventre[1].

« L’autre, captif en mer, fait traite et marché de sa fille ; le corsaire du moins ne vend que l’étranger.

« Mais voici qui efface le mal fait et à faire… Je le vois entrer dans Anagni, le fleurdelisé !… Je vois le Christ captif en son vicaire ; je le vois moqué une seconde fois ; il est de nouveau abreuvé de fiel et de vinaigre. Il est mis à mort entre des brigands[2]. »

Cette furieuse invective gibeline, toute pleine de vérités et de calomnies, c’est la plainte du vieux monde mourant, contre ce laid jeune monde qui lui succède. Celui-ci commence vers 1300 ; il s’ouvre par la France, par l’odieuse figure de Philippe-le-Bel.

Au moins quand la monarchie française, fondée par Philippe-Auguste et Philippe-le-Bel, finit en Louis XVI, elle eut dans sa mort une consolation. Elle périt dans la gloire immense d’une jeune république qui, pour son coup d’essai, vainquit l’Europe et la renouvela. Mais

  1. Il s’agit de Charles-de-Valois.
  2. Dante, Purgat.