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HISTOIRE DE FRANCE

Ce Pèdre-le-Cruel était une espèce de fou furieux. Les deux éléments discordants de l’Espagne se combattaient en lui et en faisaient un monstre. Il se piquait de chevalerie, comme tout Castillan, et en même temps il ne régnait que par les juifs ; il ne se fiait qu’à eux et aux Sarrasins[1]. On le disait fils d’une juive. Sans cette partialité pour les juifs, les communes lui auraient su gré de sa cruauté à l’égard des nobles.

Cet homme sanguinaire aimait pourtant. Il avait pour maîtresse la Dona Maria de Padilla, « petite, jolie et spirituelle », dit le contemporain[2]. Pour lui plaire, il enferma sa femme Blanche, belle-sœur de Charles V, et finit par l’empoisonner. Il avait déjà fait périr je ne sais combien des siens. Son frère, Don Enrique de Transtamare, qui avait tout à craindre, se sauva et vint solliciter le roi de France de venger sa belle-sœur.

Le roi lui donna de bon cœur les compagnies qui désolaient la France. Le roi d’Aragon offrit le passage, le pape l’autorisation d’envahir la Castille. Don Pèdre, entre autres violences, avait mis la main sur des biens d’Église.

Le jeune duc de Bourbon était de nom le chef de l’expédition ; le vrai chef devait être Duguesclin[3]. Il était encore prisonnier ; les Anglais ne voulaient pas le rendre, à moins de 100.000 francs[4]. Le roi, le pape

    de son administration dans les finances, et on fit un nouveau règlement qui excluait de ces fonctions quiconque n’était pas chrétien. En 1360, D. Pèdre fit mourir le juif Samuel Lévi, que don Juan Alphonse lui avait donné pour trésorier dix ans auparavant. Il avait amassé une fortune énorme. (Ayala.)

  1. App. 243.
  2. Ayala.
  3. App. 244.
  4. Charles V lui prêta cet argent, à condition qu’il emmènerait les compagnies. App. 245.