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EXPULSION DES ANGLAIS

l’Angleterre. On proposait aux compagnies d’aller à la croisade. L’empereur leur avait obtenu le passage par la Hongrie, et il offrait de les défrayer en Allemagne. Mais la plupart ne se souciaient pas d’aller si loin. Ceux qui s’y décidèrent, dans l’espoir de piller l’Allemagne chemin faisant, y parvinrent à peine. Menés par l’Archiprêtre jusqu’en Alsace, ils y trouvèrent des populations serrées, hostiles, qui de toutes parts tombèrent sur eux. Il n’en réchappa guère. D’autres passèrent en Italie.

Mais le principal écoulement s’opéra vers l’Espagne, vers la Castille, dans la guerre du bâtard Don Enrique de Transtamare contre son frère Don Pèdre-le-Cruel. Tous les rois d’Espagne d’alors méritaient ce surnom. En Navarre régnait Charles-le-Mauvais, le meurtrier, l’empoisonneur ; en Portugal, Don Pèdre-le-Justicier, celui qui fit une si atroce justice de la mort d’Inès de Castro ; en Aragon, Don Pèdre-le-Cérémonieux, qui, sans forme de procès, fit pendre par les pieds un légat chargé de l’excommunier. De même, Don Pèdre-le-Cruel avait fait brûler vif un moine qui lui prédisait que son frère le tuerait. Il faut voir dans la Chronique d’Ayala ce qu’était l’Espagne, depuis qu’ayant moins à craindre les Maures, elle cédait à leur influence, devenait moresque, juive, tout, plutôt que chrétienne. Les guerres sans quartier contre les mécréants avaient rendu les mœurs féroces ; elles le devenaient encore plus sous la dure fiscalité juive[1].

  1. La cour dut plus d’une fois donner satisfaction au peuple. En 1329, pour apaiser les mécontentements, on força le juif Joseph à rendre compte