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HISTOIRE DE FRANCE

se trouva, pour la seconde fois, avoir pris Duguesclin.

Ce fut un beau jour pour le prince de Galles. Il y avait juste vingt ans qu’il avait combattu à Créci, dix qu’il avait gagné la bataille de Poitiers. Il rendit des jugements dans la plaine de Burgos ; il y tint gages et champ de bataille : on put dire que l’Espagne fut un jour à lui.

Le roi de France, fort abattu de ces nouvelles, n’osa soutenir Henri de Transtamare. Sur une lettre de la princesse de Galles, il s’empressa de défendre au fugitif d’attaquer la Guyenne ; il fit même mettre en prison le jeune comte d’Auxerre, qui armait pour Don Enrique.

Les vainqueurs restaient en Espagne à attendre que Don Pèdre les payât sur les trésors cachés. Ils s’ennuyaient fort ; la sobre hospitalité espagnole ne les dédommageait pas de ce long séjour. Les lourdes chaleurs venaient ; ils se jetaient sur les fruits, et la dyssenterie les tuait en foule. Le prince de Galles n’était pas l’un des moins malades. Ils étaient, dit-on, réduits au cinquième, lorsqu’ils se décidèrent à repasser les monts, mal contents, mal portants, mal payés[1].

Le prince de Galles, qui avait répondu pour Don Pèdre, ne pouvant les satisfaire, ils pillaient l’Aquitaine. Il finit par leur dire d’aller chercher leur vie ailleurs. Ailleurs, c’était en France. Ils y passèrent, et tout en pillant sur leur route, ils ne manquaient

  1. App. 248.