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EXPULSION DES ANGLAIS

laissa plus mener par des mots. Il demanda ce qu’était devenu tant d’argent, ces subsides, ces rançons de France et d’Écosse. Il attaqua brutalement Édouard, dévoila sans pitié les faiblesses royales, le poursuivit dans son intérieur, dans sa chambre à coucher.

Le vieux roi était gouverné par une jeune femme mariée, Alice Perrers, femme de chambre de la reine, belle, hardie, impudente[1]. La pauvre reine, qui voyait tout, avait fait en mourant cette prière au roi : « qu’il voulût bien se faire enterrer près d’elle à Westminster », espérant l’avoir à elle, au moins dans la mort.

Les joyaux de la reine furent donnés à Alice. La créature se faisait donner, prenait ou volait. Elle vendait des places, des jugements même. Elle allait de sa personne au Banc du Roi solliciter des causes. Les juges d’Église, les docteurs en droit canon, étaient exposés dans leurs jugements à voir la belle Alice venir hardiment leur parler à l’oreille. Le Parlement somma le roi d’éloigner cette femme et d’autres mauvais conseillers.

Le prince de Galles mourut, laissant un fils tout jeune. Le duc de Lancastre, entre ce neveu enfant et son vieux père, se trouvait effectivement roi. Les conseillers revinrent. Le vote d’une grosse taxe fut extorqué au parlement. Le duc, qui avait besoin de bien d’autres ressources pour sa future conquête d’Espagne, se préparait à mettre la main sur les biens du

  1. App. 258.