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HISTOIRE DE FRANCE

clergé. Déjà il avait lancé contre les prêtres le fameux prédicateur Wicleff ; il le soutenait, avec tous les grands seigneurs, contre l’évêque de Londres. Les gens de Londres, sur un mot insolent de Lancastre contre leur évêque, se soulevèrent, et faillirent mettre le duc en pièces.

Pendant tout ce bruit, le vieil Édouard III se mourait à Eltham, abandonné à la merci de son Alice. Elle le trompait jusqu’au bout, restant près de son lit, le flattant d’un prochain rétablissement, l’empêchant de songer à son salut. Dès qu’il perdit la parole, elle lui arracha ses anneaux des doigts, et le laissa là.

Le fils et le père étaient morts à un an de distance. Ces deux noms, auxquels se rattachent de tels événements, sont peut-être encore les plus chers souvenirs de l’Angleterre. Quoique le prince ait dû en grande partie à Jean Chandos ses victoires de Poitiers et de Najara, quoique son orgueil ait soulevé les Gascons et armé la Castille contre l’Angleterre, peu d’hommes méritèrent mieux la reconnaissance de leur pays. Nous-mêmes, à qui il a fait tant de mal, nous ne pouvons voir sans respect, à Cantorbéry, la cotte d’armes du grand ennemi de la France. Ce mauvais haillon de peau piquée des vers éclate entre tous les riches écussons dont l’église est parée. Il a survécu cinq cents ans au noble cœur qu’il couvrait.

Dès que le roi de France apprit la mort d’Édouard, il dit que c’était là un glorieux règne et qu’un tel prince méritait mémoire entre les preux. Il assembla nombre de prélats et de seigneurs, et fit faire un service à la